Chronique : Table Ronde sur la paix et la cohabitation pacifique, Conflits kasaïen-katangais : le réveil des vieux démons ?

Comme on le sait, depuis plusieurs semaines, l’opinion publique nationale est arrachée par un débat qui fissure deux communautés. La cohabitation Katangais – Kasaiens est au centre de plusieurs débats dans les salons.

Le nouveau déclencheur

Chacun commente à sa manière cette actualité qui doit son existence à la sortie médiatique de l’honorable députée Dominique Munongo Inamizi. Car, tonitruants et d’un ton ferme, les propos de l’honorable Députée ont été perçus différemment selon qu’il s’est agi des politiques, sociologues, psychologues etc. Si pour certains, ces déclarations sont perçues comme une incartade qui ratatine les relations de convivialité entre les deux communautés, chez les autres, il n’en est pas question, l’on défend mordicus que la Princesse Yeke, n’a fait que casser la baraque, elle a dit à « haute voix ce que tout le monde dit tout bas ». Qui a tort, qui a raison ? La rédaction de Palmier s’y penche et vous propose une chronique qui essayera de peindre les réalités de cette saga depuis ses tristes débuts à ce jour.

Dans plusieurs sorties médiatiques, les élus du Katanga ainsi que plusieurs personnalités et notables Katangais se sont inquiétés de l’ampleur du mouvement des populations du Grand Kasaï vers le Grand Katanga. Plusieurs associations estiment que les villes minières telles que Lubumbashi, Kolwezi, Fungurume pour ne citer que ceux-là, accueillent près de 1.500 âmes qui y affluent au quotidien.

De la réalité sociologique à la récupération politique

Ce flux migratoire incontrôlé vers le Grand Katanga crée un déséquilibre économique et sociétal qui ne rencontre pas l’assentiment des populations autochtones qui accusent les « arrivistes » de violer leurs us et coutumes [ndlr] au coup d’une imposition déconcertante frisant la provocation.

Cet inconfort a connu une récupération des politiques qui ont pris à bras le corps la situation et tentent à leur manière de la colorer ou de la solutionner ! Pourquoi pas ?

A l’indiqué, sur l’initiative du président de la République, chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Premier ministre Sama Lukonde avait lancé le vendredi 22 avril à Lubumbashi, les travaux de la table ronde sur la paix et le vivre ensemble en RDC. Les députés nationaux et sénateurs, quelques membres du Gouvernement, les présidents et membres des Assemblées provinciales, les neuf gouverneurs des provinces de l’ex-Katanga et de l’ex-Kasaï, y ont pris part.

Cette Table-ronde entend notamment consolider la cohabitation pacifique entre les communautés des provinces issues du Grand-Katanga. Cette initiative aux allures mortifères selon plusieurs analystes, ne trouvera des solutions adaptées à cette situation.

De l’avis de plusieurs, il ne se vit aucune tension entre les peuples vivant dans le Grand Katanga, comme l’a si bien dit le patron de la territoriale, le VPM de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation, et Affaires coutumières, dans une déclaration à son arrivée à Lubumbashi, il a rassuré qu’il n’y a pas de tensions entre ces deux communautés. « J’ai essayé de parcourir les quelques communes de la capitale du Haut-Katanga, je n’ai du Kasaï et deux Katangais en train de se battre dans un quartier. J’ai l’impression que le problème se pose, mais on ne sait pas dire de quoi il est effectivement question. S’agit-il des tensions communautaires parce qu’il y a des Katangais qui ne veulent pas voir des Kasaïens ? Je ne pense pas qu’il s’agisse de cela. Il faut que comme responsables, les gouverneurs, les Assemblées provinciales, le Gouvernement de la République, nous puissions nous mettre en tête qu’il y a cette situation socio-économique qui ne va pas à travers la République et plus particulièrement dans ces deux espaces-ci, qui pose problème et il suffit qu’on améliore cette situation socio-économique pour que les choses puissent changer et on va voir, Kasaïens et Katangais, qui se donnent de petits coups d’amour tout simplement. Au lieu qu’on puisse nous amener cette histoire de tension communautaire qu’on ne sait même pas comment bien la définir », a souligné Daniel Aselo.

Mais alors s’il faut s’en tenir à ces déclarations, peut-on dire qu’on accuse à tort ou à raison les politiques de sauter sur cette question moins-value pour des fins électoralistes ? Attention, 2023 n’est pas loin, oui c’est déjà demain !

Entre crainte et sincérité de l’initiative

D’une part certains congolais ont exprimé la crainte de voir ces assises pondre des résolutions superficielles c’est notamment Monsieur Alain Nawej, politologue, pour lui, « Il n’y a pas à distraire tout un peuple avec cette recherche inutile de cohabitation. Il y a lieu de réunir des scientifiques, des notables pour rechercher des voies et moyens pour résoudre et améliorer les CONDITIONS SOCIALES de la population congolaise en général et du grand Kasaï en particulier »

D’autres part, plusieurs congolais croient en la sincérité de cette initiative et estiment par ailleurs qu’elle débouchera sur des résolutions plausibles. C’est le cas de Monsieur Éric Khaloko Ngwewa, de formation académique paix et gouvernance qui maîtrise bien les concepts de paix demeure confiant quant à l’efficacité de cette Table-ronde, selon lui « Le président est conscient de cette tension. Il décide de prendre le taureau par ses cordes faudra-t-il rester à la maison ? Non, tous adhérons dans cette logique de dialogue car lorsqu’on extériorise nos frustrations, le diagnostic peut nous conduire à la panacée. Katangais et kasaiens nous devons regarder la vérité en face »

Le dialogue face au scepticisme

« Le dialogue reste le moyen le moins coûteux pour résoudre un problème même si ça doit prendre du temps. La violence tribale est à décourager sur tous les plans. La cohabitation pacifique est mode de vie qui demande un processus. Le conflit entre ces deux communautés remonte de plus de 70 ans. Faudra-t-il rester dans cette spirale ? La réponse est non » conclut Éric Khaloko Ngwewa.

Dans un schéma de dérèglement et de confusion qui donne langue également aux bourleurs, qui par malice peuvent en tirer profit, la population observe et continue à vivre aisément. Dans un marasme politico-économique boutiqué par une catégorie classe des congolais, il serait mieux d’y prendre garde. Attendons voir ce qu’apporteront les résolutions qui en découleront, on ne sait jamais.

Golden Kalala

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