Tout le monde aura suivi avec dextérité le forum sur la réconciliation des Katangais organisé à Lubumbashi (du 17 au 22 mai), à l’initiative de Monseigneur Fulgence Muteba. Clôturé le dimanche après 5 jours de travaux, le moins que l’on puisse dire est que le forum a atteint sa visée. La réconciliation actée entre Joseph Kabila et Moise Katumbi vue comme impossible il y a quelques années, a été la preuve apodictique de la réussite du FRK. Les organisateurs trouvent mille raisons de s’en féliciter. Deux poids lourds de la politique congolaise, deux leaders incontournables du Katanga se sont en fin regardés yeux dans les yeux, esquissant un sourire traducteur de leurs émotions, leur joie de se retrouver après 7 ans d’une rupture annoncée comme éternelle.
Kabila-Katumbi, une réconciliation, des frissons et des frictions
Si les personnalités présentes dimanche, en la cathédrale Saint Pierre et Paul alors que Joseph Kabila et Moise Katumbi se seraient la main, et se soufflaient quelques mots qu’ils sont les seuls connaître, ont frissonné de bonheur et d’assouvissement, en dehors du cadre et de la ville, le sentiment n’en a pas été le même. Plusieurs semblent déçus qu’il n’y apparaît. Une frustration que certains ont eu du mal à garder pour eux-mêmes. Mesurant avec subtilité l’importance d’une telle réconciliation sur l’avenir politique du pays, les non concernés, principalement les proches du pouvoir de Kinshasa et les autres opposant, sont dans dans l’abattement.
Les réactions interprétant cette frustration n’ont cessé de fuser. Sur les réseaux sociaux comme sur les télévisions de Kinshasa, politiciens et journalistes rouspètent et s’adonnent à cœur joie à climatiser la nature déclarée du forum sur la réconciliation des Katangais. En plus de réprouver la démarche, ils en contestent le sens apolitique prôné par son précurseur, Monseigneur Fulgence Muteba. Que des avis symptomatiques du sentiment de la peur face à ce que plus d’un Congolais n’aurait envisagé si tôt, et pourtant…
La peur d’un duo terrifiant aux prochains scrutins
Joseph Kabila et Moise Katumbi ensemble est peut-être le point de départ d’une nouvelle ère sur la scène politique congolaise. Même s’il était dit que « réconciliation » ne rime pas avec « alliance politique », mais juste à avoir les deux alliés d’hier côte-à-côte, ceux qui ont partagé une vision de gouvernance commune au sein d’un même parti politique, ne pas penser à demain serait possiblement maladroit. Et c’est bien cette projection dans un futur purement électoral que la peur augmente dans le camp de leurs adversaires.
L’aura de Kabila conjugué à celui de Katumbi ne fera certainement pas d’heureux aux prochaines élections, si évidemment les deux viennent à se résoudre de faire marche commune, comme ça se murmure d’ailleurs. L’un a déjà dirigé le pays et s’est fait élire à deux reprises, l’autre en revanche, ne rêve que de ça depuis quelques années. Un duo redoutable, capable de tout balayer sur son passage, la raison même de cette peur grandissante dans le cœur de ceux qui ont les yeux rivés sur la magistrature suprême.
Isaac-Robert B