Guerre à l’Est : après la force régionale, arrive la troupe Angolaise, le butin Congo est-il trop grand ?

La RDC est en guerre, c’est l’évidence que personne ne renie. Seulement, l’approche pour mettre fin à la guerre laisse place à la curiosité. Les militaires congolais sont-ils incapables ? Nul ne répondra par « Oui », pourtant, c’est bien l’impression que donne la politique du pouvoir de Kinshasa. En plus de la force régionale de l’EAC, la troupe angolaise va être bientôt déployée dans le Nord-Kivu, pour « sécuriser » cette zone du pays, en proie à l’agression du M23 sous couvert du Rwanda. Depuis presqu’un an, des localités du Nord-Kivu sont prises par les rebelles du Mouvement du 23 mars. Les dénonciations des autorités congolaises ont eu le mérite d’obtenir la reconnaissance internationale du Rwanda comme tête pensante et parrain de cette agression. Mais cela n’a pour autant pas suffi à mettre fin au drame.

Au niveau de l’EAC (Communauté des États de l’Afrique de l’Est), il a été décidé le déploiement d’une force régionale pour traquer les rebelles aux côtés des FARDC. Des semaines et de mois passent, la présence des troupes kenyanes sur le territoire congolais demeure sans impact, tant le M23 progresse et conquiert de nouvelles localités. Le moment n’est-il pas venu pour se demander à quoi servent ces militaires étrangers arrivés en pompe au Nord-Kivu ?

L’EAC en mode observation comme la MONUSCO

En lisant le récent communiqué du gouvernement congolais sur la mission de la force régionale, il est clairement dit que celle-ci a un mandat offensif. Elle peut attaquer, traquer les groupes armés, principalement le M23. Sur le terrain, rien n’en a l’air. Elle observe, comme la très contestée Mission d’observation de Nations Unies. Les rebelles opèrent, les Congolais meurent, la FR observe. Jusqu’à quand ? Évidemment jusqu’à ce que Kinshasa réalise que cette force est inutile, voire de mèche avec l’agresseur.

L’Angola en renfort, le M23 est-il trop fort ?

Toutes les tentatives de dissuasion des rebelles se sont révélées improductives, jusqu’à présent. De nombreux appels au cessez-le-feu lancés aux sommets de Luanda, d’Addis-Abeba et de Bujumbura n’ont pas été suivis. Le M23, toujours dans son attitude condescendante, a multiplié les communiqués depuis le début de la guerre, avec des réclamations toutes aussi ambiguës qu’indéchiffrables. Le Rwanda et ses alliés sanguinaires profitent donc du chaos profond provoqué par l’absence de l’État dans nombre de localités pour piller plus que jamais les ressources naturelles de la RDC. La situation humanitaire est dramatique dans la zone, l’inaction de ceux qui sont censés aider le Congo est dérangeante.

Mais au-delà de soldats de la l’EAC autorisés à fouler le sol congolais, une autre résolution pour le moins surprenant a été entérinée par Kinshasa. Le déploiement de soldats angolais à l’Est pour la même mission que la force régionale de l’EAC. Qu’est-ce qui va changer ? Pourquoi on ne ferait premièrement pas partir le premier contingent dont l’inefficacité n’est plus à prouver ? Avec deux unités sur le terrain, trois d’ailleurs si l’on y ajoute la sulfureuse MONUSCO, la coordination des opérations militaires pose d’énormes soucis, à en croire la société civile locale. Qu’en sera-t-il donc avec l’arrivée de l’Angola ? Le Congo devient finalement trop grand à gérer et à sécuriser par ses dirigeants. À cette allure, tous les pays de la sous-région enverront leurs soldats au Congo, et pas si sûr que la guerre terminera.

Le Congo et sa paranoïa inconsciente

Où est la part des Congolais dans la résolution des problèmes du Congo ? La solution est-elle vraiment ailleurs ? Bien que rabaissante, arrogante, limite méprisante, l’interpellation d’Emmanuel Macron sur la responsabilité des Congolais dans leur crise multidimensionnelle vaut son pesant d’or. La faute est d’attendre des autres ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes. La RDC souffrirait-elle d’une paranoïa inconsciente ? La tendance extrême à se victimiser même quand on la possibilité de faire quelque chose. Le dernier message du Conseil de Sécurité de l’ONU est-il tombé dans l’oreille d’un sourd. Le Congo a une armée loyale, chargée de défendre l’intégrité de son territoire. Cette même armée reçoit le soutien inconditionnel des citoyens par des marches, chants patriotiques, campagnes de mobilisation de fonds. Mais d’où vient que la fin de la guerre de l’Est ne sera possible qu’avec des forces étrangères ? Sommes-nous en train de vendre notre honneur, notre fierté, notre indépendance ? Répondre qui pourra.

Isaac-Robert B

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